Si notre village peut s’enorgueillir de noms célèbres, tels ceux du maréchal d’Estampes et de la marquise de la Ferté-Imbault, il n’a pas à rougir de certains de ceux de ses concitoyens, qui ont œuvré longtemps au village et dont la postérité n’a pas toujours gardé le nom !
Il en va ainsi de l’abbé Augustin Louis Segret, chanoine honoraire de Blois, et curé de la Ferté-Imbault, découvreur d’une renoncule qui porte son nom : Ranunculus felixii, Segret 1936
Petite contexte botanique
On ne peut retracer l’itinéraire « botanique » de l’abbé sans évoquer la place qu’a cette science depuis si longtemps. Depuis le moyen-âge, on cultive et on répertorie les plantes destinées à l’alimentation et à la médecine.
Lui-même inspiré du jardin médiéval, le jardin de curé dont on redécouvre aujourd’hui le charme et la simplicité, est un concentré de connaissances botaniques et de techniques de culture. On sort parfois de son presbytère et de son enclos et on se promène en campagne :
« Au XIXe siècle, les sciences naturelles connaissent un âge d’or et la botanique bénéficie alors d’un véritable engouement auprès des médecins, pharmaciens, instituteurs et curés de campagne, qui herborisent à proximité de chez eux. C’est aussi l’époque des voyages naturalistes. Les botanistes échangent entre eux échantillons et observations »1
L’abbé Segret, botaniste émérite
Augustin, né à Vernou-en-Sologne le 27 août 1867, est ordonné prêtre le 23 mai 1891. Il est d’abord vicaire de Cour-Cheverny. Il est desservant à St Loup en 1893. En 1894 il est le curé de Maray puis devient celui de La Ferté en 1923 et ce jusqu’à son décès en 1949.
C’est durant sa première cure à Cour-Cheverny, qu’il se familiarise avec le monde de la botanique.2
En compagnie de personnes aguerries dans cette discipline, il commence à herboriser et cataloguer les plantes de Sologne puis, dès 1903, il est nommé membre de la Société Botanique de France.
Pendant de nombreuses années il parcourt la Sologne et ses talents de botaniste se confirment quand :
« Permettez-moi d’attirer votre attention sur un Ranunculus, sect, Batrachium que j’ai trouvé en 1924 en compagnie de M.A. Félix3 et dont l’hybridité est incontestable. Il est du croisement de hololeucos et du tripartitus. Dans la petite marre ou nous l’avons récolté, on ne rencontre que ces deux dernières espèces, à l’exclusion absolue de tout autre batrachium. »3
Quelle consécration pour un modeste curé de campagne !
En 1928, l’abbé déplore toutefois que la Sologne d’alors :
« ne ressemble plus à celle d’autrefois … Je l’ai montré lors de la session extraordinaire de la société Botanique de France à Romorantin et les environs : cette ville ne doit plus être sa « capitale » comme on disait jadis. Le centre de la Sologne doit être reporté vers Loreux, Millançay, Marcilly-en-Gault et la Ferté Imbault… »5
Parti pris d’un homme de science qui ne conçoit la capitale que sous l’œil averti du botaniste !
La Ferté-Imbault n’est toujours pas capitale …
Membre de la Société Botanique de France, il est nommé Officier d’Académie en janvier 1935 « pour services rendus aux sciences ».
Après une vie bien remplie, au service des hommes et des plantes, l’abbé meurt le 6 décembre 1949 à La Ferté Imbault où il est inhumé.
Sources et notes
1 – Conservatoire botanique national du Bassin parisien, lu sur https://lagrenouillememoire.blogspot.com/2020/01/abbe-lefrou-cure-de-cour-cheverny-et.html
2 – Notamment en s’inspirant de l’abbé Lefrou, éminent botaniste, curé de Cour-Cheverny, voir lien de la note précédente
3 – Instituteur à Vierzon (mais aussi en Tunisie en 1895) puis Surveillant général à l’École Nationale Professionnelle de Vierzon, sous-directeur de l’École nationale professionnelle Vierzon, botaniste : https://www.tela-botanica.org/projets/recensement-des-herbiers-de-france/forum/view-thread/njfnijpkichdcdeikogf/
4 – Bulletin de la Société Botanique de France, LXXII p 782 séance du 25 juillet 1925.
5 – L’abbé L. Segret (1925) Catalogue raisonné des plantes vasculaires
de la Sologne, Bulletin de la Société Botanique de France