Le week-end prochain (21 et 22 septembre) auront lieu les 41e Journées Européennes du Patrimoine. Comme à son habitude, notre Association en profitera pour ouvrir la chapelle Saint-Taurin à la visite.
À l’intérieur de ce modeste bâtiment fertois, vous pourrez (re)découvrir un joli mobilier et un riche décor qui évoqueront près de 1000 ans de l’histoire de La Ferté-Imbault en particulier et de la Sologne en général.
L’entrée est bien évidemment gratuite et nous vous accueillerons le dimanche 22 septembre, de 9 à 12h et de 14 à 18h.
Saviez-vous que le recensement ou plutôt des essais de dénombrement de population existent depuis l’antiquité ?
Ce recensement a pris plusieurs formes au cours des siècles et comme maintenant, son but n’a pas seulement été de compter le nombre d’habitants : il a fait en outre office de statistiques pour lever des impôts, pour optimiser la conscription militaire, etc … et avec la tenue obligatoire des registres paroissiaux en 1539 l’état de la catholicité en France.
Avant la Révolution le recensement se fait par « feux », on ne dénombre ainsi que les foyers (maisons) et on fait un calcul somme toute assez approximatif des habitants qui les composent. En excluant certaines catégories sociales telles que la noblesse ou l’état religieux qui ne sont pas soumis à l’impôt. Pas très précis comme résultat …
Il faudra attendre 1666 pour l’organisation d’un premier recensement nominatif, dans une province bien éloignée de la France métropolitaine : La Nouvelle France (Canada, Acadie et Louisiane).
Les recensements restent souvent locaux, aléatoires et irréguliers dans le temps. Le décret de 1790 organise pour la première fois le dénombrement de la population entière.
Le dénombrement tous les 5 ans est mis en place en 1801, la population recensée à jour fixe en 1846. A partir de 1851 la notion de nationalité et diverses questions concernant l’âge, l’emploi, la situation personnelle et l’adresse font suite.
Depuis 2004, l’organisation au niveau national diffère selon l’importance des communes, de plus ou moins 10 000 habitants.
De nombreuses catégories sont désormais scrutées par les statistiques et donne des informations précises sur les caractéristiques de la population. Il permet à l’État de déterminer les besoins en équipements publics (dossier complet de La Ferté Imbault 2020 *) selon la démographie.
Outre toutes ces informations, il est également précieux pour le généalogiste. Qui complète ainsi ses recherches familiales, historiques, toponymiques du village de ses ancêtres …
Enfin, sachez que le recensement est obligatoire, vous ne pouvez donc vous y soustraire, le refus d’y participer et l’inexactitude des réponses sont passibles d’amende ! **
Si notre village peut s’enorgueillir de noms célèbres, tels ceux du maréchal d’Estampes et de la marquise de la Ferté-Imbault, il n’a pas à rougir de certains de ceux de ses concitoyens, qui ont œuvré longtemps au village et dont la postérité n’a pas toujours gardé le nom !
Il en va ainsi de l’abbé Augustin Louis Segret, chanoine honoraire de Blois, et curé de la Ferté-Imbault, découvreur d’une renoncule qui porte son nom : Ranunculus felixii, Segret 1936
Petite contexte botanique
On ne peut retracer l’itinéraire « botanique » de l’abbé sans évoquer la place qu’a cette science depuis si longtemps. Depuis le moyen-âge, on cultive et on répertorie les plantes destinées à l’alimentation et à la médecine.
Lui-même inspiré du jardin médiéval, le jardin de curé dont on redécouvre aujourd’hui le charme et la simplicité, est un concentré de connaissances botaniques et de techniques de culture. On sort parfois de son presbytère et de son enclos et on se promène en campagne :
« Au XIXe siècle, les sciences naturelles connaissent un âge d’or et la botanique bénéficie alors d’un véritable engouement auprès des médecins, pharmaciens, instituteurs et curés de campagne, qui herborisent à proximité de chez eux. C’est aussi l’époque des voyages naturalistes. Les botanistes échangent entre eux échantillons et observations »1
L’abbé Segret, botaniste émérite
Augustin, né à Vernou-en-Sologne le 27 août 1867, est ordonné prêtre le 23 mai 1891. Il est d’abord vicaire de Cour-Cheverny. Il est desservant à St Loup en 1893. En 1894 il est le curé de Maray puis devient celui de La Ferté en 1923 et ce jusqu’à son décès en 1949.
C’est durant sa première cure à Cour-Cheverny, qu’il se familiarise avec le monde de la botanique.2
En compagnie de personnes aguerries dans cette discipline, il commence à herboriser et cataloguer les plantes de Sologne puis, dès 1903, il est nommé membre de la Société Botanique de France.
Pendant de nombreuses années il parcourt la Sologne et ses talents de botaniste se confirment quand :
« Permettez-moi d’attirer votre attention sur un Ranunculus, sect, Batrachium que j’ai trouvé en 1924 en compagnie de M.A. Félix3 et dont l’hybridité est incontestable. Il est du croisement de hololeucos et du tripartitus. Dans la petite marre ou nous l’avons récolté, on ne rencontre que ces deux dernières espèces, à l’exclusion absolue de tout autre batrachium. »3
Quelle consécration pour un modeste curé de campagne !
En 1928, l’abbé déplore toutefois que la Sologne d’alors :
« ne ressemble plus à celle d’autrefois … Je l’ai montré lors de la session extraordinaire de la société Botanique de France à Romorantin et les environs : cette ville ne doit plus être sa « capitale » comme on disait jadis. Le centre de la Sologne doit être reporté vers Loreux, Millançay, Marcilly-en-Gault et la Ferté Imbault… »5
Parti pris d’un homme de science qui ne conçoit la capitale que sous l’œil averti du botaniste !
La Ferté-Imbault n’est toujours pas capitale …
Membre de la Société Botanique de France, il est nommé Officier d’Académie en janvier 1935 « pour services rendus aux sciences ».
Après une vie bien remplie, au service des hommes et des plantes, l’abbé meurt le 6 décembre 1949 à La Ferté Imbault où il est inhumé.
Le garde champêtre est un fonctionnaire territorial communal dont la mission est la protection du domaine rural.
Il est nommé par le maire, est assermenté et agréé par le procureur de la république.
L’histoire des Gardes champêtres
Dès le Moyen-âge il existe une police rurale dont le rôle est la surveillance des moissons1 sur des juridictions alors seigneuriales. Au 17ème siècle il est également affecté au contrôle de la chasse, en luttant contre les braconniers et les glaneurs.
La Révolution abolissant la justice seigneuriale, les gardes sont engagés dès 1791 par les communes nouvellement créées. Avec la loi du 8 juillet 1795 obligation est faite aux municipalités de se doter d’un garde champêtre, celui-ci doit savoir lire et écrire et être âgé d’au moins 25 ans (majorité d’alors).
L’arrêté de 1800 les recrute de préférence parmi les anciens militaires et vétérans.
Soumis à l’autorité du maire et parfois à sa solde, ils sont employés à diverses tâches en dehors de leurs charges ordinaires : crieur pour porter les nouvelles, secrétaire de mairie parfois ou encore cantonnier.
Rouage indispensable de l’organisation municipale, il écope parfois d’une image guère flatteuse dont l’affublent des concitoyens réfractaires et peu amènes…
Au début du 19ème siècle on le dote d’armes et son costume évolue (bicorne ou képi) ; son domaine de compétences s’élargit de plus en plus : pêche, douanes, ordre public (dresse des procès-verbaux).
À l’instar du maire et de l’instituteur, le garde champêtre est indissociable de la vie rurale2 ; son autorité est reconnue et souvent redoutée.
Le 20ème siècle marque un tournant décisif : si d’autres et importantes fonctions lui sont dévolues, leur nombre chute vertigineusement : de 34431 en 1845 à 679 en septembre 20223
mais …
« L’urbanisation des communes rurales voit l’augmentation des effectifs de police municipale au détriment des gardes champêtres. Parallèlement, la mission de ces derniers s’orientent de plus en plus vers la protection de l’environnement et des espaces naturels sensibles, plus écologiques que sécuritaires » …
À La Ferté-Imbault
Voici la liste des gardes champêtres du village.
1858 : Henri Debresmes, de Selles St Denis, est garde champêtre (La Ferté Imbault n’ayant pas encore acquis son indépendance communale).
1862 : Louis Henri Desroches, toujours de Selles St Denis.
Enfin, en 1866, c’est Denis Courcelles, fertois et ancien maçon de 45 ans, qui officie.
En 1872, c’est Jacques Jacq qui est garde ; il l’est toujours en 1901, alors âgé de 78 ans !
1901 : Jules Fabalet
1902 : Sulpice Turpin
1917 : Jules Louis Froger
1940 : Henri Florent Vasseur
1945 : Arthur Paul Grosbois et toujours la même année :
1945 : Albert Auguste Lemeux
1955 : Léon Lemeux
1960 : René Froger
1978 : Gilbert Lecomte
Et enfin, du 1er avril 1993 à octobre 2022, notre dernier et ultime garde champêtre, Philippe Bourderiou
Focus : les nombreuses attributions des gardes champêtres
Attributions judiciaires : Au troisième alinéa des articles : 15 et des articles 21-3, 22 à 24 et 27 du Code de Procédure Pénale (CPP). Recherche et constatation par P.V des délits et contraventions portant atteinte aux propriétés situées dans les communes pour lesquelles ils sont assermentés, possibilité de relever l’identité des personnes à l’encontre desquelles ils entendent dresser procès-verbal, d’accès aux propriétés closes, d’exercice du droit de suite, de séquestre, de requérir directement la force publique, de procéder à certaines investigations, de recueillir les déclarations, de procéder à des arrestations dans les cas de flagrant délit. ( Voir libellé du nouvel article 24 du CPP modifié)
Relevé d’identité : Art L 522-4 du CSI et 78-6 CPP
Police des campagnes (rurale) : Art. L.521-1 du code de la sécurité intérieure (Surveillance, prévention, recherche et constatation des infractions relatives à la police des campagnes)
Police municipale : Art. L.521-1 du code de la sécurité intérieure (Exécute, sous l’autorité du maire, des missions de prévention et de surveillance du bon ordre, de tranquillité, de sécurité et de salubrité publiques. Recherche et constate par P-V, les infractions aux lois et règlements pour lesquelles il est compétent.)
Police de la Forêt : Art L.161-4, L 161-9, L 161-14 à L 161-18 du code forestier (ordonnance portant modification du code forestier N° 2012-92 du 26 janvier 2012)
Police de l’environnement et des ressources naturelles : Art L 172-4 du code l’environnement et L 172-5 à L 172-16 du Code de l’environnement (Ordonnance N° 2012-34 du 11 janvier 2012, portant simplification, réforme et harmonisation des dispositions de police administrative et de police judiciaire du code de l’environnement)
Police de la conservation du patrimoine naturel : Art L 415-1 /3° du code Environnement
Police de la chasse : Article L.428-20/4° du code Environnement
Police de la pêche en eau douce : Article L 437-1/4° du code Environnement
Police de la faune et de la flore sauvage : Article L 415-1/3° du code Environnement
Police des parcs nationaux : Art L 331-20 du code de l’Environnement
Police des réserves naturelles : Art L 332-20 II/4° du code de l’Environnement
Police des chiens dangereux : Art L 215-3-1 du code rural et de la pêche maritime
Police des baignades et des eaux territoriales : Art L 2213-23 du C.G.C.T
Police du domaine public fluvial et de la navigation intérieure: Article L2132-23 / 2°Code Général de la Propriété des Personnes Publiques
Police de l’eau : Art L 216-3 /6°du code de l’Environnement
Police de la santé publique : Article L 1312-1 du Code de la Santé Publique
Police sanitaire départementale : R.S.D (son contenu) art L 1312-1 CSP
Police des bois et forêts / défense contre l’incendie : article L 161-4 /3°du code forestier
Police de la route : Art L 130-4/2°, R 130-3 et R130-5 du code de la route et art. L.521-1 du code de la sécurité intérieure
Police de la circulation : Art R 130-10/4° du code de la Route
Épreuves de dépistage : Art L 521-1 du CSI. Les gardes champêtres sont habilités à procéder aux épreuves de dépistage mentionnées à l’article L. 234-3 du code de la route, dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l’article L. 234-4 du même code. (Aval de l’OPJ-TC)
Police des chemins ruraux : Art D 161-14 et suivants et R 161-28 du code Rural
Police de la voirie routière : Art L.116-2/1° de ce code, lequel permet aux gardes champêtres d’intervenir en matière d’infraction portant atteinte à l’intégrité du domaine public routier des voies de toutes catégories, sauf autoroutes.
Police de la circulation des véhicules à moteurs dans les espaces naturels : art L362-5/3° du code de l’Environnement
Compétences douanières : Article 323 du code des Douanes
Police de l’urbanisme : Article L.480-1 du code de l’Urbanisme
Police des procédures fiscales : Art L.220 et L.221 du Livre des procédures fiscales (tabac, alcools, alambics et boissons).
Police de l’ivresse publique : Art L3353-1 du Code de la Santé Publique
Police funéraire : Art L2213-14 du C.G.CT
Police des foires et marchés : Art L 2212-2 du C.G.C.T
Code des assurances : Art R.211-21-5 du code des assurances.
Police des publicités, enseignes et pré-enseignes : Art L581-40 du code de l’Environnement
Police du bruit et nuisances sonores : Art L 571-18 du code de l’Environnement
et 1435-7 du CSP
Police des OGM : Art L 536-1 du code de l’environnement.
Notes
Messier : garde faisant l’office de garde-champêtre. De l’ancien français mes : moisson
« Utilité d’un garde champêtre », Journal abbé Bommer, p 135.
Chiffres du Ministère de L’Intérieur, contestés par la FNGC (Fédération nationale des gardes champêtres) : oublis ou erreurs de déclaration par les communes.
Paléographie, mais que se cache donc derrière ce mot qui semble évoquer des temps lointains ?
Abréviations, hampes ou ligatures, vous avez certainement, comme M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, exercé cet art ou plutôt cette science. Qui n’a pas tenté un jour de déchiffrer les pattes de mouche du médecin * ou le gribouillis d’une lettre autrefois envoyée par un arrière-grand-oncle ?
Petite définition
La paléographie ( de paleos = ancien et graphêin = écrire) est l’étude des écritures anciennes et le déchiffrage des documents manuscrits.
Elle doit considérer plusieurs éléments : la calligraphie propre à une époque et à un style personnel, une orthographe fluctuante au cours du temps, mais également compter avec tous les défauts tels que ratures, tâches, encre effacée et autres trous dans les feuillets…
Quel usage ?
À moins d’avoir fait l’École des Chartes **, rares sont ceux qui au quotidien sont amenés à de tels travaux de déchiffrage ! Mais tous ceux qui se sont intéressé à leur histoire familiale et ont entamé des recherches généalogiques se sont confrontés un jour à ces difficultés. État-civil, registres paroissiaux, archives notariales, etc …
Au passage, remercions François 1er dont l’ordonnance dite de Villers-Cotterêts de 1539 imposa le français comme langue unique des documents officiels. Exit le latin, c’est déjà un peu plus facile !
L’écriture manuscrite semble un peu en perte de vitesse aujourd’hui. Les traitements de texte de nos ordinateur, tablette, liseuse et autres ont parfois chassé papier, lettres, stylos et crayons de nos bureaux et secrétaires. Si les textes ainsi produits sont bien plus lisibles et compréhensibles par tous, il y manque peut-être un peu de ce qui en faisait le charme autrefois …
Premier feuillet d’un titre des Hybertaignes, La Ferté-Imbault, et Selles-Saint-Denis, 1613
Cahier du Dr Georges Bouilly, La Ferté-Imbault, 1901
Sources & précisions
* L’art 34 du code de déontologie stipule « qu’une ordonnance doit être écrite de façon lisible afin d’éviter toute méprisesur le nom du médicament, sur les doses, le mode d’administration, la durée du traitement.
Au Québec, on ne plaisante pas avec l’écriture des ordonnances médicales: un généraliste avait été condamné à une amende de 800 euros en 2012, pour avoir rédigé de manière illisible une prescription médicamenteuse ainsi que des notes dans des dossiers médicaux.
Dimanche c’est l’Épiphanie ! Ceux qui sont allés au « cathé » se rappelleront que c’est le jour où les Rois mages arrivèrent à Bethléem, chargés de cadeaux pour l’enfant Jésus.
Les autres sont plus convaincus par la galette que l’on partage traditionnellement en famille et entre amis. C’est qu’elle est bien bonne cette galette « quand elle est bien faite, avec du beurre dedans. »
À La Ferté-Imbault, il semble qu’on l’aimait tout particulièrement. D’après Bernard Edeine*, elle est même le sujet « d’un branle fort célèbre en Sologne (La Ferté-Imbault, Gy, Lassay, Souesmes) qui se dansait à la voix ou accompagnement de vielle :
En avant la mé Bernaussiau
Tape du cul, t’auras de la galette,
En avant la mé Bernaussiau,
Tape du cul, t’auras du gatiau.
La tradition, malheureusement (?), n’a retenu que les paroles mais pas la mélodie qui allait avec…
*Bernard Edeine était professeur, archéologue et ethnologue de la Sologne
L’année dernière marquait le 150ème anniversaire de la guerre franco-allemande de 1870.
Le 18 juillet 1870, l’empire de Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, qui s’allie aux autres États allemands. La défaite des Français sur le front de l’Est, puis la reddition de Napoléon à Sedan le 2 septembre 1870 précipite l’instauration de la IIIème République. Paris assiégé, le gouvernement de défense nationale de Gambetta, délocalisé à Tours, poursuit la guerre.
Mais revenons sur ces événements, tels qu’ils ont été vécus à La Ferté Imbault…
Les événements par Jean-Léon Bommer
L’abbé Bommer comme nombre de ses contemporains, se retrouve propulsé dans un cruel conflit qui aura des répercussions sur notre village, puisque :
A partir des premiers jours d’août : les jours de deuil commencent pour la France en guerre avec l’Allemagne : nos troupes sont culbutées et refoulées sur les frontières : l’ennemi s’avance, et après la prise de Sedan, vient former le siège de Paris : la république est proclamée : l’armée de la Loire se forme pour la résistance et se concentre sur les champs de Salbris, du 15 septembre aux premiers jours de novembre, sous le commandement en chef du général d’Aurelles de Paladine…
L’armée de la Loire est réorganisée dès le 5 décembre, sous le commandement cette fois du général Bourbaki.
Le 7 décembre au soir, escarmouche entre l’arrière garde française et l’armée ennemie aux approches de Salbris. Le 8, les Allemands poursuivant les fugitifs se dirigent sur Vierzon, Nançay, La chapelle d’Angillon, La Ferté Imbault où ils arrivent, à 2 heures du soir, vont jusque sur les bords du Cher pour revenir dans la nuit, à 11 heures, au nombre de 8 à 900. Ils repartent le lendemain, à midi, pour rejoindre leur quartier général, à Orléans, emmènent avec eux des prisonniers. Leurs avant gardes revinrent plusieurs jours de suite réquisitionner.
Du 20 au 28 une avant garde, 16 dragons, est établie, à La Ferté-Imbault pendant la formation, près Vierzon, du corps de Bourbaki, armée de l’est.
Le 24, 60 francs tireurs niçois, nous arrivent et font séjour. Le 26, une compagnie de volontaires de la Dordogne, capitaine Clergean, nous arrive et séjourne jusqu’au 15 février 1871. Alors une partie suit l’armée de Bourbaki et l’autre partie s’en retourne dans ses foyers. Pendant leur séjour on établit dans la salle du presbytère une ambulance pour les malades on y plaça 7 lits : tout se passa avec beaucoup d’ordre, et, malgré toutes les misères du temps, nous n’eûmes pas trop à souffrir.
1870, année terrible pour la France : invasion : sécheresse extraordinaire, hiver long, dur et rigoureux : maladies graves : grande mortalité : tout pour faire réfléchir des hommes sérieux.
Les événements par Jean Schaeffer
Jean Schaeffer, conseiller municipal dans les années 1980-1990, * transcrit ici une anecdote familiale :
Récemment, de rares civils fugitifs de la région d’Orléans avaient évoqué des combats, ainsi que des répressions féroces de la part de l’ennemi quand il rencontrait une résistance opiniâtre dans certains villages, ou quand ses patrouilles de reconnaissance ou des éléments d’avant-garde étaient tombés dans une embuscade. Maisons et fermes brûlées et leurs habitants abattus sans pitié.
On savait vaguement que l’armée de la Loire , commandée par le général d’Aurelle de Paladines, se repliait en combattant, soutenue parfois par des » moblots » (gardes mobiles levés sur le plan local) mal armés, mal encadrés, et peu formés pour une telle guerre, dans le froid et le dénuement matériel.
Depuis deux jours on entendait les canons tonner dans le lointain, au nord-est, vers Lamotte – Beuvron et Nouan le Fuzelier, signe que des combats s’y déroulaient, et qu’ils allaient atteindre Salbris. Ce jour-même il y avait eu quelques échos de ce côté, mais aucune nouvelle précise n’était parvenue à La Ferté-Imbault, qui s’était repliée dans l’attente et dans l’angoisse…
……. le lendemain, les deux représentants de la commune, Louis Deschamps, en sa qualité de maire, et l’abbé Bommer, en sa qualité de curé de la paroisse, se rendraient ensemble, à pied, au-devant des Prussiens.
…L’officier qui commandait la troupe parlait un français qui, pour n’être pas impeccable, n’en facilitait pas moins les premiers échanges.
Comme ils en avaient convenu, l’abbé Bommer parla le premier, décrivant en quelques phrases le village et ses habitants, gens paisibles et plutôt pauvres, et exprima en des termes prudents le souhait qu’il ne fût commis ni violences ni exactions de la part des soldats.
Puis Louis Deschamps se présenta en sa qualité de maire de la commune, et compléta le plaidoyer du curé en assurant à l’officier qu’il n’y avait là nulle force armée régulière. Que ses hommes ne courraient aucun danger, et qu’en conséquence d’user de contraintes à l’égard de la population.
L’officier écourta froidement les deux exposés, puis fit mettre les deux parlementaires en tête du peloton, quelques cavaliers abaissèrent leur lance à frôler leurs épaules, et toute la troupe se remit en marche vers le village.
Et c’est ainsi que les habitants, ahuris et craintifs, virent leur maire et leur curé traverser la place du village sous la menace des lances pointées dans le dos et se rendre au domicile de Louis Deschamps, aux environs duquel le détachement mit pied à terre…
La fin du conflit
Des réquisitions eurent lieu ultérieurement :
La fin de la guerre ne sera pas la fin des jours malheureux pour la France : la victoire des États allemands devenus Empire, la perte de l’Alsace et de la Lorraine, la « Commune » de Paris, etc, inscriront durablement un profond sentiment d’injustice, qui ne demandera qu’à s’épanouir dans d’autres conflits …
Sources :
Jean Schaeffer : « Les Prussiens à La Ferté-Imbault », récit d’après les souvenirs de sa grand-mère Jeanne Deschamps, concernant son arrière grand-père Louis Deschamps, notaire puis maire de La Ferté-Imbault de 1870 à 1874.
GRAHS
Journal de l’Abbé Bommer
La guerre franco-allemande dans le Blaisois et la Sologne, E.Lasnier
Après 2 années sans manifestation à cause de l’épidémie de COVID 19*, notre association organise de nouveau les Journées Européennes du Patrimoine à La Ferté-Imbault. Ce sera les samedi 17 et dimanche 18 septembre !
Au programme : des visites de la chapelle Saint-Taurin, de l’église du village et même du cimetière. À travers ces trois lieux, nous vous invitons à (re)découvrir l’histoire de notre village depuis sa création jusqu’à ses plus récentes évolutions. Nous évoquerons les personnages, connus ou plus modestes, qui ont fait La Ferté, nous parlerons des bâtiments et de leurs symboliques, de l’histoire religieuse mais aussi des anciennes industries, des épisodes guerriers, d’anecdotes liées à la « Grande » histoire et de toutes sortes d’événements !
Toutes les informations sont dans l’affiche (un petit récapitulatif est présenté sous cette dernière)
Informations
Visites gratuites organisées par l’Association Les Lanturelus
À l’heure des grandes vacances d’été et des migrations de voyageurs à travers la France … Faisons un petit retour en arrière de 120 ans exactement, pour évoquer – déjà ! – les problèmes du chemin de fer…
Ici, ceux de la toute nouvelle ligne du Blanc à Argent/Sauldre, (B.A pour nos contemporains) alors inaugurée depuis peu (D’ailleurs nous parlons de la ligne du BA et de la gare ici).
Cet article de la Dépêche du Berry , écrit en décembre 1902, n’est pas très élogieux :
« … le tout est d’apprendre l’horaire par cœur … De plus l’horaire en question est établi de telle façon qu’aux bifurcations on rate toutes les correspondances qu’on veut et l’on attend des heures entières … »
« … trains aussi rares que les beaux jours … »
« … l’infortuné voyageur n’a guère que la ressource d’attendre en des gares lointaines des trains problématiques qui ne correspondent pas … »
Ainsi vont les petits trains de Sologne et leurs lignes, que notre journaliste n’hésite pas à comparer à d’autres bien plus lointaines :
« … moins bien partagées que les lignes algériennes … moins bien que les chemins de fer de la Corse, moins bien même que la ligne du Sénégal ou que celle de l’île de La Réunion … »
Il faut croire que les débuts du B.A ne se sont donc pas faits sous les meilleures auspices puisque le 3 janvier 1902, le train déraillait déjà entre Salbris et la Ferté-Imbault, la machine couchée sur le ballast. Pas de blessés, mais sûrement quelques frayeurs pour les voyageurs !
On ne fera pas ici de mauvais procès au B.A qui, s’il ne vous emmène plus au Blanc au départ de la Ferté, vous permettra néanmoins de faire un joli parcours en Sologne…
Sources : La Croix http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb/3436311418
La Dépêche du Berry : https://www.retronews.fr/journal/la-depeche-du-berry/11-decembre-1902/693/2189749/2
Les élections politiques sont souvent le théâtre de discussions franches et de débats houleux. Alors quand on ajoute un curé râleur et une ancestrale querelle de clochers dans l’équation, forcément ça fait du grabuge.
Les élections de 1848
Suite au mouvement populaire de février 1848, la IIème République est proclamée et un gouvernement provisoire est mis en place.
Des élections législatives, au suffrage universel masculin, suivent les 23 et 24 avril de la même année.
À cette époque, La Ferté-Imbault n’était plus qu’une section de la commune de Selles-Saint-Denis et les oppositions, tant personnelles que politiques, faisaient rage entre les deux villages.
Bulletin dans l’urne et curé hors de chez lui
Ainsi, l’abbé Bommer, desservant de la paroisse fertoise, raconte que le samedi 22 avril 1848, le maire du bourg de Selles-Saint-Denis à la tête d’une compagnie de 30 ou 40 hommes, marche sur la Ferté et se rend au presbytère pour y déloger manu militari notre bon curé, qui trouve alors refuge chez des amis dans leur propriété du Chesne.
Le lendemain, remis de son expulsion, il se rend à Romorantin, au sous-commissariat, afin de se faire rendre justice. Il fait le compte-rendu de son entretien dans un courrier écrit à l’évêché de Blois :
« Hier, jour de Pâques, je suis allé trouver le sous-commissaire à Romorantin avec 15 de mes paroissiens pour lui demander : si réellement il avait donné des ordres semblables à M. le maire, et pour quels motifs = il nous a répondu qu’il n’avait point donné d’ordre = il ne connaissait point le véritable motif de cette conduite = et que, lui, sous-commissaire, allait venir dans la localité pour faire une enquête sur les faits dont m’accuse le maire = il nous en donne connaissance et dresse procès-verbal de nos réponses et des faits passés en présence du garde champêtre de la commune qui signe avec nous = je pense que M. le sous-commissaire en informera Votre Grandeur.»
Il y précise également les griefs invoqués par le Maire pour justifier son éviction mouvementée :
« On m’accuse d’avoir trempé dans les élections, c’est-à-dire d’avoir distribué quelques bulletins = c’est vrai = d’avoir raturé sur ces mêmes bulletins des noms = c’est faux = les quelques bulletins distribués par moi m’ont été donnés raturés = d’avoir écrit partout le nom de Pétigny, Chalais, [ Perigou ], Normant, Durand, Leroy, Salvat = c’est vrai pour 3 bulletins = j’ai dit à M. le sous commissaire que je ne me rappelais pas bien le nombre ; mais que j’étais sûr de n’en avoir pas écrit plus de dix = d’en avoir échangé = ce qui est vrai pour un en présence de plus de 10 personnes = d’avoir dit : que M. le commissaire était un homme de sang = ce qui est faux = voilà tout ce dont m’a accusé M. le sous commissaire = je ne crois pas que ce soient les véritables motifs de cette violente expulsion = je crois plutôt que c’est une vengeance purement personnelle… »
À la lecture de ce courrier, on pourrait se demander si l’abbé Bommer ne fait pas preuve d’un peu de mauvaise foi ? Un comble pour un curé…
Bien que n’étant pas seul dans cette « affaire » qui remua la vie locale, ces petits errements politiques ont bien failli coûter son poste de desservant à notre abbé !
Après bien des vicissitudes, il a pu maintenir son sacerdoce à La Ferté.
Et ce pendant de très longues années …
Quelques précisions
Suffrage universel pour les hommes d’au moins 21 ans, vote au chef-lieu de canton, c’est à dire Salbris. La loi électorale du 15 mars 1849 exclut que le bulletin de vote soit rempli dans le bureau de vote : c’est à partir de ce moment que les candidats commencent à faire imprimer leurs bulletins.