près le décès de son frère Philippe-Charles marquis de La Ferté en 1737, Sophie d’Estampes devient la dernière descendante et héritière de la branche des d’Estampes de La Ferté-Imbault. Elle est également propriétaire du château familial puisque sa belle-sœur, Marie-Thérèse Geoffrin, le lui a cédé en 1748.
Cette même année, elle épouse Alexis-Bernard Leconte de Nonant, marquis de Pierrecourt, président au Parlement de Normandie. De leur union naît Adélaïde-Marie-Thérèse le 6 juin 1763. Après le décès de Sophie d’Estampes, deux ans plus tard, Alexis-Bernard administre le château et les terres de La Ferté-Imbault au nom de sa fille. Il se remarie en octobre 1766 avec Cécile-Jeanne Blanchebarbe de Grandbourg, dont il aura deux enfants : Cécile-Rose, née en 1767 et Abel-Alexis-François, né en 1769.
Profitant de la succession difficile de Sophie d’Estampes et de celle de son père Philippe-Charles – lui aussi décédé en 1737 – le marquis de Pierrecourt acquiert pour son propre compte la terre de Salbris et de La Ferté-Imbault en 1780. Par d’habiles manœuvres juridiques, Adélaïde-Marie-Thérèse est écartée de ses droits légitimes au profit de son demi-frère Abel-Alexis-François, devenu légataire universel de son père.
Le jeune marquis de Pierrecourt devient donc seigneur de La Ferté-Imbault en 1783. Il a alors 14 ans. Il épouse Catherine de Rothe avec laquelle il aura plusieurs enfants qui mourront tous en bas âge. Le ménage continue le travail initié par Alexis-Bernard en rassemblant d’anciens domaines et métairies sous la coupe de la seigneurie. Parmi les terres qui sont revenues dans l’administration seigneuriale, on trouve le château du Chêne et une partie des biens de l’ancien chapitre collégial, dissous en 1742.
Le but des Leconte Nonant de Pierrecourt n’est pas tant de redonner son lustre passé à La Ferté-Imbault mais bien de rentabiliser le récent héritage familial. Si Abel-Alexis-François réside quelques temps au château, il vit vraisemblablement plus souvent à Paris et confie l’administration de son domaine à un régisseur.
En 1789, la Bastille est prise et en 1792 la monarchie est abolie. Le marquis de Pierrecourt est assez peu inquiété pendant les troubles de la Terreur : bien qu’emprisonné brièvement à la prison du Palais du Luxembourg en 1794 – ses biens sont alors mis sous séquestre- il rentre en octobre de la même année à La Ferté-Imbault. Une seule formalité : il doit certifier sur l’honneur soutenir la République et ne pas fomenter d’actes contre-révolutionnaires.
Sa belle-sœur Adélaïde-Marie-Thérèse, dernière représentante de la lignée des d’Estampes de La Ferté, n’a pas la même chance : emprisonnée au Couvent des Oiseaux –considéré comme une prison de luxe et un véritable refuge pour les nobles- elle fait partie des détenus qui sont arrêtés en même temps que la princesse de Chimay le 7 thermidor an II (25 juillet 1794). Elle est condamnée à mort le lendemain et guillotinée le surlendemain.
La disparition des privilèges n’empêche pas le marquis de rester dans le château de La Ferté-Imbault qui dépend désormais, comme pour le bourg, de l’administration communale de Selles-Saint-Denis. Pour le bien spirituel des habitants, il entretient un religieux pour célébrer les messes dans l’ancienne église collégiale Saint-Taurin, restée dernier lieu de culte du village après la destruction de l’église Saint-Nicolas en 1748.
Face à des difficultés sans doute financières, il est contraint de se séparer de plusieurs propriétés, avant de vendre, le 20 avril 1807, la totalité du domaine de La Ferté-Imbault à M. Briançon-Vachon, comte de Belmont. Ce dernier acte signe la fin véritable de l’Ancien Régime à La Ferté-Imbault.
Illustration : Extrait de l’Acte de citoyenneté d’Abel-Alexis-François Leconte Nonant, Archives communales de Selles-Saint-Denis
Certaines informations sont issues de l’exposition « Regards sur La Ferté » : voir les sources.